Blog de Martine Docourt, co-présidente des Femmes* socialistes suisses
Il y a une année, presque jour pour jour, les Femmes* socialistes, aux côtés de plus d’un demi-million de femmes et d’hommes solidaires descendaient dans la rue, à travers toute la Suisse, au cri de la mobilisation historique de la Grève féministe, Grève des Femmes pour demander d’avantage d’égalité dans notre société. Lors de cette journée du 14 juin 2019, les Femmes* socialistes suisses portaient une revendication phare : une place gratuite en crèche pour chaque enfant.
Nous, Femmes* socialistes, portions cette revendication car il semble naturel de pouvoir exercer un travail rémunéré est un droit arraché après une longue lutte. Cela représente, pour un grand nombre de femmes, une nécessité, qui plus est lorsqu’elle est à la tête d’une famille monoparentale. De plus, l’économie a besoin des compétences des femmes : elles sont une main-d’œuvre nécessaire au bon fonctionnement de nombreuses entreprises.
Malgré cet état de fait, en Suisse, les crèches sont encore trop souvent inaccessibles. Des places difficiles à obtenir, des prix qui découragent et incitent plutôt à renoncer à aller travailler. Nous le savons, les chiffres varient énormément d’un canton à l’autre mais un élément est constant : le fait de ne pas travailler ou de réduire considérablement son taux d’activité a des conséquences sur la situation économique des femmes. Une situation qui fait que les femmes se retrouvent avec une rente pesant 40% de moins que les hommes à la retraite.
Alors, que s’est-il passé depuis année ? Pas grand-chose en réalité. Plusieurs objets ont été déposés aux Chambres fédérales (voir ici et ici, par example), qui n’ont pas encore pu être traités. Peut-être ces prochains jours ? Sinon, ce sera repoussé, au mieux, à la session d’automne.
Si nos autorités sont tout occupées par la crise COVID-19, la question des places gratuites en crèche y est intimement liée : cette crise a rappelé que le personnel des structures d’accueil de l’enfance fait un travail important et surtout exigeant. Et que, comme pour d’autres professions majoritairement féminines, ce personnel a joué un rôle central durant la crise. Pourtant, comme beaucoup de ces professions essentielles, les conditions de travail ne sont pas à la hauteur de leur importance pour le bon fonctionnement de notre société. Au niveau fédéral, 65 millions ont certes été débloqués pour aider les structures, mais l’approche du Conseil fédéral est tout sauf compréhensible : sa politique pénalise les entités publiques.
Une étude récente le montrait clairement : Les femmes de Suisse désirent travailler davantage. Mais ce sont encore trop souvent elles qui arrêtent de travailler à l’arrivée d’un enfant. Pour que les femmes aient réellement le choix de travailler et pour une réelle politique d’égalité des chances, il faut un système d’accueil des enfants soutenu par la Confédération. Le temps d’un système public est venu, pour que chaque enfant puisse bénéficier d’une place d’accueil, y compris durant son cursus scolaire.
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