«Prévoyance vieillesse 2020»: les Femmes socialistes gardent le cap de l’opposition constructive et refusent l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes

Après le débat au Conseil des Etats qui vient de se terminer, le projet de réforme général de nos retraites peut être salué quant à son ambition de consolider durablement nos rentes. Cependant, il faut que son bilan global sur le plan collectif et individuel soit positif. A l’heure actuelle, tel n’est pas le cas et les Femmes socialistes suisses se gardent toutes les options en vue d’apporter des améliorations substantielles au projet qui doit encore être débattu au Conseil national en 2016.

Le Conseil des Etats en a décidé ainsi : à l’avenir, les femmes devront travailler une année de plus. La différence d’âge de la retraite des femmes est souvent présentée comme « un privilège fondé sur le sexe » que la réforme propose de corriger. Une telle déclaration revient à nier les discriminations auxquelles les femmes sont encore aujourd’hui exposées dans la vie professionnelle: inégalité salariale, sous-représentation dans les fonctions de direction et surreprésentation dans les secteurs d’activité à bas revenus, travail à temps partiel, ou encore interruptions de carrières pour assurer la prise en charge d’enfants ou de proches. Ces discriminations subies par les femmes tout au long de leur carrière professionnelle ont un impact négatif élevé sur leur prévoyance vieillesse individuelle. Par conséquent, il est important du point de vue de l’égalité que la réforme mise en œuvre prenne en compte les inégalités économiques existantes, ceci afin de ne pas les renforcer.

 

Il ne s’agit pas pour les Femmes socialistes de mettre les pieds au mur et de refuser toute discussion. En effet, le projet dans son ensemble propose des améliorations historiques sans précédent (renforcement du financement, amélioration des rentes AVS en particulier pour les petits niveaux de rentes, hausse des plafonds pour les rentes de couples, maintien des rentes de veuves, etc.), dont profiteront en particulier les femmes. Toutefois, il est impératif de prendre en compte les inégalités structurelles existantes, dont les effets se font subir jusqu’à la retraite. Des mesures concrètes doivent donc être prises, principalement au niveau de la répartition des ressources (mesures pour l’égalité salariale, revalorisation des métiers dits féminins, reconnaissance du travail de soin) et de la conciliation des vies familiale et professionnelle, avant d’envisager un projet dont le financement se fera unilatéralement au détriment des femmes.

 

Aujourd’hui, après cette première étape importante au Parlement et après avoir pris acte des arguments des uns et des autres, les Femmes socialistes expriment un souhait : Que les voix qui s’élèvent aujourd’hui pour augmenter l’âge de la retraite des femmes au nom de l’égalité entre hommes et femmes se rappellent de leurs bonnes résolutions quand il s’agira de se prononcer sur d’autres mesures en faveur de l’égalité ! Le projet « Prévoyance vieillesse 2020 » ne pourra passer le cap des urnes que s’il présente au final un bilan positif pour les femmes !