Les femmes gagnent toujours nettement moins que les hommes pour un travail de valeur égale. Une mesure centrale pour imposer l’égalité salariale est l’obligation pour les entreprises de plus de 100 collaborateur-trices de procéder à des analyses de l’égalité salariale. Mais, comme le montre le rapport de l’Office fédéral de la justice publié aujourd’hui, plus de la moitié des entreprises n’assument pas cette responsabilité. Du point de vue des Femmes socialistes, cette situation est inacceptable.
« L’égalité salariale est une obligation légale. La Suisse est un État de droit, nous devons respecter les lois. Il est scandaleux qu’une grande partie de l’économie ait le sentiment qu’elle peut simplement les ignorer », déclare la conseillère nationale socialiste Martine Docourt (NE). « Il faut maintenant des mesures plus sévères pour faire respecter le droit constitutionnel à l’égalité salariale. Les entreprises qui ne respectent pas cette obligation légale doivent être sanctionnées. De plus, il faut un renforcement général de la protection sociale pour les femmes afin de réduire les dépendances financières. »
Depuis 1981, l’égalité salariale est ancrée dans la Constitution fédérale suisse — mais la réalité est en retard sur le droit. Selon le rapport publié aujourd’hui par l’Office fédéral de la justice, plus de 50 % des entreprises de plus de 100 employé-es ne remplissent pas ou insuffisamment leur obligation d’analyser l’égalité salariale. Ces analyses doivent aider à rendre visibles les différences de salaire discriminatoires et à les éliminer.
L’indépendance financière est une prévention de la violence
L’indépendance financière des femmes est centrale pour une société égalitaire. Le « Gender Overall Earnings Gap » en Suisse est de 43 %, et ce, bien que les femmes et les hommes travaillent en moyenne le même nombre d’heures. Cet énorme écart de revenu montre que la discrimination structurelle va bien au-delà des salaires et qu’elle est profondément ancrée dans notre système économique. Les femmes continuent à fournir une part disproportionnée de travail non rémunéré, que ce soit dans le travail de « care » ou dans la famille, ce qui limite massivement leurs chances de faire carrière et leur indépendance financière.
« L’indépendance financière est un facteur central dans la prévention de la violence », explique Martine Docourt. « Les femmes qui bénéficient d’une sécurité économique ont de meilleures possibilités de se libérer des relations violentes et de mener une vie autodéterminée. Refuser l’égalité salariale, c’est aussi accepter que les femmes restent dans une situation de dépendance financière et soient ainsi exposées à de plus grands risques. »
Les Femmes socialistes chercheront à collaborer avec les groupements de femmes dans les partis politiques et envisageront de déposer des interventions. « À travail égal, salaire égal, c’est le minimum qui doit être atteint pour garantir l’indépendance financière des femmes », conclut Martine Docourt. « L’égalité salariale n’est pas une question de négociation — c’est un droit fondamental qui doit enfin être respecté. »